par Giuseppe Gagliano
L'annonce de l'assassinat du leader du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran, confirmée par le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, avait marqué une nouvelle phase dans l'approche militaire de Tel-Aviv, qui s'appuie depuis longtemps sur une stratégie de «décapitation» ciblant les chefs ennemis. Mais derrière cette opération spectaculaire et controversée se cachent des dynamiques bien plus complexes que la simple élimination physique de figures symboliques.
Le contexte géopolitique
Israël maîtrise depuis longtemps l'art de la propagande militaire : frapper, puis annoncer, non seulement pour démontrer sa force, mais aussi pour envoyer un message clair à ses adversaires. Le raid à Téhéran qui a éliminé Haniyeh n'était pas seulement une opération militaire, mais un acte symbolique, presque théâtral, visant à prouver qu'aucun endroit n'échappe au bras long israélien.
Cependant, l'efficacité de cette stratégie reste contestée. Si la mort de Haniyeh, Sinwar et Nasrallah affaiblit leurs organisations respectives, ces figures sont souvent remplacées rapidement, selon la logique des mouvements révolutionnaires ou militants. À chaque chef éliminé, d'autres prennent leur place, souvent plus motivés et radicalisés.
Les Houthis dans la ligne de mire
Après Gaza, le Liban et Téhéran, Israël tourne désormais son attention vers le Yémen, où le ministre Katz menace directement la direction des Houthis. La justification officielle repose sur la menace croissante des missiles et des drones lancés contre Israël, mais cette narration omet un détail crucial : les Houthis ne sont pas isolés. Ils font partie d'un axe régional soutenu par l'Iran, et les attaquer équivaut à intensifier un conflit déjà brûlant avec Téhéran.
Israël croit-il vraiment qu'un raid bien planifié suffira à stopper une guérilla qui, depuis des années, résiste à une coalition soutenue par Riyad et Washington ?
Les implications régionales
La stratégie israélienne, de plus en plus agressive, risque de déstabiliser davantage un Moyen-Orient déjà au bord du gouffre. Chaque raid, chaque élimination devient un prétexte pour de nouvelles représailles et escalades. Le Hamas, le Hezbollah et les Houthis ne sont que la pointe visible d'un iceberg d'un conflit impliquant des puissances globales et régionales dans un jeu d'échecs toujours plus complexe.
Pendant ce temps, l'Europe et les États-Unis observent, voire applaudissent, une stratégie qui pourrait bien se retourner contre Israël lui-même. Car l'élimination de figures symboliques ne met jamais fin au conflit, mais souvent, l'alimente.
Une réflexion nécessaire
Le triomphalisme israélien dans la revendication de ces attaques masque un piège : la croyance que la force brute est toujours la solution. Mais l'histoire enseigne qu'aucune guerre ne se gagne uniquement par des raids aériens ou des assassinats ciblés. Une vision politique, un dialogue, une stratégie à long terme sont nécessaires.
Pour l'instant, cependant, la «doctrine Katz» se limite à une politique à court terme, laissant derrière elle non seulement des ruines physiques, mais aussi de profondes blessures politiques et humaines. Un coût qu'Israël devra, tôt ou tard, payer.
source : Le Diplomate